Thomas Hobbes

Thomas Hobbes était un philosophe anglais du XVIIe siècle, considéré comme l’un des penseurs les plus influents de la période moderne. Né en 1588 à Westport, en Angleterre, Hobbes a vécu à une époque marquée par des troubles politiques et sociaux, notamment la guerre civile anglaise.

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Histoire de Thomas Hobbes

Thomas Hobbes est né le 5 avril 1588 à Westport, dans le Wiltshire, en Angleterre. Il a grandi dans une période de troubles politiques et religieux en Angleterre, marquée par des tensions entre les catholiques et les protestants, ainsi que par la guerre civile qui a éclaté plus tard.

Il a étudié à la Magdalen Hall, qui fait maintenant partie de l’Université d’Oxford, et a obtenu son diplôme en 1608. Par la suite, il a travaillé comme précepteur pour la famille Cavendish, qui était liée à l’aristocratie anglaise. Grâce à cette expérience, il a pu voyager à travers l’Europe et entrer en contact avec les cercles intellectuels de l’époque.

Au cours de ses voyages, Hobbes a développé un intérêt pour la philosophie politique et a été influencé par les idées des penseurs classiques tels qu’Aristote et Thucydide, ainsi que par les avancées scientifiques de l’époque. Il a également été témoin des ravages causés par la guerre civile anglaise, ce qui a profondément influencé ses réflexions sur la nature humaine et le rôle du gouvernement.

En 1651, Hobbes publie son œuvre la plus célèbre, « Leviathan », dans laquelle il expose sa vision du contrat social et du rôle du souverain. Le livre suscite une grande controverse en raison de ses idées radicales, notamment sa vision pessimiste de la nature humaine et son soutien à un gouvernement autoritaire.

Après la restauration de la monarchie en Angleterre en 1660, Hobbes est considéré avec suspicion en raison de ses opinions politiques. Malgré cela, il continue d’écrire et de publier des œuvres philosophiques jusqu’à sa mort le 4 décembre 1679 à Hardwick Hall, en Angleterre.

L’héritage de Thomas Hobbes réside dans sa contribution à la philosophie politique et à la réflexion sur la nature humaine. Ses idées ont influencé de nombreux penseurs du 17e siècle, y compris ceux de l’ère des Lumières, et continuent de susciter des débats et des discussions dans le domaine de la philosophie politique.

La philosophie de Thomas Hobbes

La philosophie de Thomas Hobbes repose sur une vision pessimiste de la nature humaine et une recherche de l’ordre et de la stabilité sociale. Voici quelques aspects clés de sa philosophie :

  • État de nature : Hobbes décrit l’état de nature comme un état hypothétique sans gouvernement ni autorité, où les individus sont libres mais confrontés à une concurrence constante et à la violence. Dans cet état, la vie serait « solitaire, pauvre, brutale, méchante et courte ». Selon Hobbes, l’homme est fondamentalement égoïste et motivé par le désir de pouvoir et de préservation de soi.
  • Contrat social : Pour échapper à l’état de nature, Hobbes propose un contrat social par lequel les individus renoncent à une partie de leur liberté en échange de la sécurité et de la stabilité garanties par un gouvernement fort. Ce contrat est conclu entre les individus pour former une entité politique souveraine, un « léviathan », qui exerce un pouvoir absolu pour maintenir l’ordre et la paix civile.
  • Autoritarisme : Hobbes soutient que pour prévenir le chaos et les conflits, le souverain doit posséder un pouvoir absolu et ne pas être limité par des contrôles ou des contre-pouvoirs. Selon lui, la concentration du pouvoir est nécessaire pour garantir la sécurité et la stabilité de la société. Hobbes justifie ainsi un gouvernement autoritaire, voire une monarchie absolue.
  • Raison et science : Hobbes accorde une grande importance à la raison et à la méthode scientifique. Il cherche à expliquer les comportements humains et les lois de la société à travers des principes rationnels et empiriques. Il considère que l’application de la raison et de la science permet de comprendre et de résoudre les problèmes politiques et sociaux.

La philosophie de Hobbes a suscité des débats et des critiques, notamment pour son autoritarisme et son pessimisme sur la nature humaine. Cependant, son travail a également eu une influence significative sur la philosophie politique ultérieure, en particulier sur les idées de contrat social, de souveraineté et de la relation entre l’individu et l’État.

La nature humaine

Selon Thomas Hobbes, la nature humaine est fondamentalement égoïste, compétitive et motivée par le désir de pouvoir et de préservation de soi. Hobbes considère que les êtres humains naissent avec des passions et des instincts naturels qui les poussent à chercher leur propre intérêt et à satisfaire leurs désirs. Il affirme que dans l’état de nature, c’est-à-dire sans gouvernement ou autorité pour imposer des règles, les individus sont en conflit perpétuel les uns avec les autres, car ils cherchent à acquérir des ressources limitées et à préserver leur propre sécurité.

 

Selon Hobbes, cette nature humaine égoïste et compétitive conduit à une condition de guerre de tous contre tous, où la vie est caractérisée par la violence, la peur et l’insécurité. Dans l’état de nature, chaque individu est libre de poursuivre ses intérêts personnels sans contrainte, mais cette liberté conduit inévitablement à des conflits et à une instabilité sociale.

 

C’est précisément pour échapper à cette condition chaotique que Hobbes soutient la nécessité d’un contrat social. Selon lui, les individus doivent renoncer à une partie de leur liberté en acceptant de se soumettre à un gouvernement centralisé et puissant. Ce gouvernement, ou « léviathan », a pour fonction de maintenir l’ordre, de garantir la sécurité et de réguler les comportements égoïstes des individus.

 

Dans l’ensemble, la vision de la nature humaine de Hobbes est marquée par une profonde méfiance envers les motivations et les actions des individus. Il considère que l’égoïsme et la recherche du pouvoir sont des traits inhérents à la nature humaine, et que seule une autorité souveraine forte peut contenir ces instincts et préserver la paix et la stabilité sociales.

La relation entre l’individu et l’Etat

La relation entre l’individu et l’État, selon Thomas Hobbes, repose sur un contrat social volontaire. Les individus acceptent de transférer une partie de leur liberté et de leurs droits naturels à l’État en échange de la sécurité et de la stabilité qu’il offre.

Ce contrat social implique que les individus renoncent à leur liberté absolue dans l’état de nature, où règne la violence et l’insécurité, pour former une entité politique souveraine, connue sous le nom de « léviathan ».

 

Dans cette relation, l’État exerce un pouvoir souverain sur les individus et a l’autorité nécessaire pour imposer des lois et maintenir l’ordre dans la société. Le souverain ou le gouvernement a la responsabilité de faire respecter les règles établies et de protéger les droits et les intérêts des individus.

 

D’un point de vue des obligations, les individus ont l’obligation de se conformer aux lois et aux règles établies par l’État. Ils doivent respecter les normes sociales et les contraintes imposées par le gouvernement dans l’intérêt de la sécurité et de la cohésion sociale.

En retour, l’État a l’obligation de protéger les droits fondamentaux des individus, tels que la sécurité, la propriété et la vie. Il doit également garantir la stabilité sociale et prévenir les conflits entre les membres de la société.

 

Dans cette relation entre l’individu et l’État, l’État joue un rôle central en tant qu’autorité légitime chargée de maintenir l’ordre et de garantir la sécurité et le bien-être des individus, tandis que les individus acceptent de se soumettre à cette autorité en échange de ces avantages.

Son influence

Thomas Hobbes a exercé une influence significative sur la philosophie politique et la réflexion sur la société et le pouvoir. Son travail a été particulièrement important à son époque et continue d’inspirer les penseurs jusqu’à aujourd’hui. Voici quelques-unes des principales influences de Hobbes :

  • Théorie du contrat social : Hobbes est considéré comme l’un des fondateurs de la théorie du contrat social. Son concept selon lequel les individus renoncent à une partie de leur liberté en échange de la sécurité et de la stabilité offertes par un gouvernement central a été repris et développé par de nombreux philosophes ultérieurs, tels que John Locke et Jean-Jacques Rousseau.
  • Légitimité de l’autorité : Hobbes a également contribué à la réflexion sur la légitimité de l’autorité politique. Son argument en faveur d’un gouvernement fort et autoritaire, justifié par la nécessité de maintenir l’ordre et la paix civile, a influencé les débats sur la nature du pouvoir politique et les limites de l’autorité étatique.
  • Réalisme politique : Hobbes est souvent considéré comme l’un des premiers penseurs du réalisme politique. Sa vision pessimiste de la nature humaine et sa conviction que les individus sont motivés par l’intérêt personnel et le pouvoir ont eu une influence sur les théories politiques réalistes ultérieures, qui mettent l’accent sur la compétition et la poursuite du pouvoir dans les relations internationales.
  • Influence sur les Lumières : Les idées de Hobbes ont été largement discutées et critiquées pendant le siècle des Lumières. Ses arguments sur la nécessité d’un gouvernement fort et son analyse de la nature humaine ont contribué à façonner les débats sur la démocratie, la séparation des pouvoirs et les droits individuels qui ont émergé à cette époque.
  • Héritage dans la philosophie politique moderne : Les concepts et les arguments développés par Hobbes ont eu un impact durable dans la philosophie politique moderne. Ses idées sur la nature humaine, la souveraineté et le rôle de l’État ont influencé des penseurs tels que Thomas Jefferson, John Rawls et Robert Nozick, et continuent de susciter des débats et des discussions dans le domaine de la philosophie politique contemporaine.

En résumé, Thomas Hobbes a été un penseur majeur de la philosophie politique, dont les idées ont façonné les débats sur la nature humaine, la légitimité du pouvoir et le rôle de l’État. Son travail a eu une influence durable sur la réflexion politique et continue d’alimenter les discussions sur les questions fondamentales de la vie en société.

Ses oeuvres

Thomas Hobbes a écrit plusieurs œuvres majeures qui ont contribué de manière significative à la philosophie politique et à la pensée sociale. Voici quelques-unes de ses œuvres les plus importantes :

  • « Leviathan » (1651) : Considéré comme l’œuvre majeure de Hobbes, « Leviathan » explore sa vision du contrat social et de l’État souverain. Il examine la nature humaine, l’état de nature et l’origine du gouvernement, tout en défendant l’idée d’un pouvoir absolu du souverain pour garantir la sécurité et la stabilité de la société.
  • « De Cive » (1642) : Publié avant « Leviathan », « De Cive » explore également les thèmes de la nature humaine et du contrat social. Il développe l’idée de l’État souverain et présente une analyse détaillée de la structure politique et du rôle de l’autorité dans la société.
  • « Behemoth » (1668) : Bien que publié postérieurement à « Leviathan », « Behemoth » aborde des événements politiques antérieurs, en particulier la guerre civile en Angleterre. L’ouvrage examine les causes et les conséquences de la guerre et présente une analyse de la nature du pouvoir politique.
  • « De Corpore » (1655) : Dans cet ouvrage, Hobbes se concentre sur la philosophie de la science, en explorant les concepts de matière, de mouvement et de connaissance. Il présente une méthode déductive pour parvenir à des conclusions rationnelles et propose une vision matérialiste du monde physique.
  • « De Homine » (1658) : « De Homine » est une œuvre philosophique qui traite de la nature humaine, de la connaissance et de la psychologie. Hobbes y développe sa vision du comportement humain en se basant sur des principes empiriques et rationnels.

Ces œuvres de Hobbes ont eu un impact considérable sur la philosophie politique et la pensée sociale, et continuent d’être étudiées et discutées de nos jours. Elles offrent une perspective originale sur des questions fondamentales liées à la nature humaine, au pouvoir politique et à la structure de la société.

Citations de Thomas Hobbes

Voici quelques citations célèbres de Thomas Hobbes :

  • « L’homme est un loup pour l’homme. » (Leviathan)
  • « La condition de l’homme… est une condition de guerre de tous contre tous. » (Leviathan)
  • « Le désir de pouvoir en a engendré un autre : le désir de connaître et d’employer les moyens qui le conduiront à son but. » (De Cive)
  • « La liberté se définit, d’une part, par l’absence d’obstacles externes à l’action ; d’autre part, par l’absence d’obstacles internes, c’est-à-dire par l’absence d’empêchements résultant des passions. » (Leviathan)
  • « La force et la ruse sont les deux vertus principales de la guerre. » (Leviathan)
  • « Les mots sont des étiquettes pour des idées, et elles ont l’erreur inhérente d’avoir de la signification, ce qui donne lieu à une pensée obscure. » (Leviathan)
  • « Le contrat est la base de l’obligation, mais pas de l’obligation de la parole, car la parole, en vertu du pouvoir, est elle-même l’obligation. » (Leviathan)
  • « La nature a fait les hommes si égaux en facultés de corps et d’esprit que, bien souvent, la différence entre les hommes ne réside que dans la prudence et l’expérience. » (Leviathan)
  • « Le pouvoir souverain ne peut être représenté, à moins que tous les sujets aient également une voix en la disposition de l’autorité. » (Leviathan)
  • « Les mots sont les étiquettes des choses et non les choses elles-mêmes. » (Leviathan)

Ces citations illustrent certaines des idées clés de Hobbes, telles que la nature humaine égoïste, la nécessité d’un gouvernement fort pour maintenir la paix, et la relation entre le pouvoir et la langue.